Le phénomène de mode et ses dérives
C’est en lisant et relisant l’article de Christophe Gobert sur le Staffordshire Bull Terrier, que je me suis rendu compte que je n’avais jamais abordé sur mon blog un sujet qui me tient à coeur : l’effet de mode d’une race. En effet, je ne sais pas ce que j’ai avec les races mais à chaque fois que je m’intéresse de prêt à l’une d’elle, c’est l’explosion. Cela a déjà été le cas du Cavalier King Charles. En effet, lorsque Jessie, ma première chienne, est arrivée à la maison en 1994, on pouvait dénombrer un assez petit nombre de cavaliers en France mais surtout en Rhône-Alpes. Il n’était pas rare que l’on m’arrête dans la rue pour me demander à quelle race appartenait mon chien et qu’on écarquille les yeux considérablement quand je prononçais “Cavalier King Charles”. Aujourd’hui, notre petit épagneul est devenu l’un des chiens de compagnie les plus populaires. En 1999, me voilà l’heureux maître de Pénélope, une adorable Bouledogue Française et belote, rebelote et dix de der. En partie grâce ou à cause du fameux “Raymond” de l’émission “Plus vite que la musique” sur M6, l’engouement pour le “boule” prend rapidement des proportions démesurées et le nombre de molossoïdes de petit format devient si important que le cheptel devient de plus en plus hétérogène (il suffit de constater que beaucoup de bouledogues que l’on voit dans la rue sont bien souvent très éloignés du standard).
Comment les éleveurs, les passionnés et les Clubs de Race font-ils face à cette “vogue” (je n’aime pas le mot mais c’est bien de cela qu’il s’agit) ? En fait, tous les gens qui s’intéressent à une race veulent la promouvoir, la faire connaître et c’est bien naturel, l’homme aime à partager ses passions, moi le premier mais là, il faut admettre que tout le monde, dans un tel cas de figure est totalement débordé. La responsabilité de la non-dégradation de la race devient donc le problème des éleveurs évidemment mais aussi des acheteurs. En effet, un chien n’étant pas un jouet et ayant une espérance de vie assez longue, lorsque l’on intègre à sa famille un chien il faut bien se rendre compte que c’est une responsabilité qui va durer quasiment quinze ans et la décision ne doit pas se prendre légèrement. Le commun des propriétaires d’un premier chien n’est jamais suffisamment informé, c’est à mon avis là qu’interviennent la Société Centrale Canine et les Clubs de Race. En effet, il existe une multitude de race et lorsque l’on doit se décider, il ne faut pas prendre que le “look” (même si c’est important) en considération afin de vivre le mieux possible avec le compagnon que l’on s’est choisi.
L’idéal serait que chaque acheteur potentiel puisse s’adresser directement à un Club de Race pour pouvoir glaner conseils et avis et pouvoir discuter à bâtons rompus avec un spécialiste de la race avant de se décider. Cependant, il faut bien se rendre compte que l’acheteur d’un premier chien ne sait pas, la plupart du temps, ce qu’est un Club et quelle est son utilité. Il faut aussi admettre que lorsqu’ils font la démarche, ils s’adressent en général au Président ou au responsable de l’information voire au délégué de race de sa région. Il faut admettre que bien souvent il n’est pas très bien reçu et c’est dommage. J’ai eu, il y a un an ou deux un mail d’une lectrice qui cherchait un chien dans ma région et qui, lorsqu’elle a appelé le délégué Rhône-Alpes (je tairais la race concernée), s’est purement et simplement entendu dire qu’il n’avait pas que ça à faire que de répondre à des questions. Cette jeune femme a alors tenté d’appeler le(a) Président(e) du Club de Race concerné à une quinzaine de reprises, elle a laissé des messages et n’a eu aucune réponse. Elle avait donc l’impression de “ramer” passez-moi l’expression.
Là, je vais faire une digression mais je la trouve absolument nécessaire : je pense que ce genre de cas de figure est inadmissible. En effet, les Présidents, Responsables de l’information et Délégués Régionaux sont quand même là un peu pour ça. On a parfois l’impression que les Clubs de Race ne font rien pour l’amélioration du cheptel et la diffusion des informations mais se contentent de se congratuler ou pire, de régler leurs comptes personnels sur le dos des adhérents par une myriades d’actions en justice. Je comprends alors parfaitement et j’irai jusqu’à dire que j’approuve la création de clubs dissidents et non officiels qui, il faut bien l’admettre, retournent à la fonction initiale d’un regroupement de passionnés : aimer la race et faire sa promotion de manière rationnelle et pertinente afin d’éviter les dérives. Cette démarche est d’autant plus importante lorsque les races sont à la mode et que beaucoup les élèvent ou les achètent n’importe comment et c’est là que je rejoins mon premier propos.
Cet article, un peu long et, c’est vrai, bien peu ludique, n’est pas qu’un coup de gueule, c’est aussi une sonnette d’alarme. Il faut essayer de s’écouter un peu afin que la cynophilie ne soit pas un vaste n’importe quoi et qu’elle serve à préserver les races que nous aimons qui nous apportent tant.